mercredi, juin 29, 2005

Sur la route au Mali

Inisogoma! (bonjour en bambara)

Je suis présentement rendu à Ségou, ancienne capitale de l'empire Bambara (voir le roman de Maryse Condé). C'est une ville trop relax comme je m'y attendais!. Sur le bord du Joliba (fleuve Niger) on peut se promener, jaser avec les ségoviens, poser le thé, manger un ananas ou mangue bien frais, prendre une bière froide en contemplant le soleil se coucher derrière les eaux refléchissantes du fleuve. Une ville parfaite pour se reposer du tourbillon touristique des villes précédentes!

Je loge chez un rasta, Petit-Vieux, que j'ai rencontré en arrivant à Ségou! Rasta, mais paquet de nerfs! Bien tranquille, près du fleuve, avec toute la famille au complèt quoi! Demain je prend le bus pour Bamako, où je vais passer quelques jours avant de prendre la route vers la Casamance, au Sénégal. J'ai aussi ajouté la Gambie dans mon parcours... pas besoin de visa! :)

Mopti, la Venise de l'Afrique

Vraiment, j'ai été déçu. La ville est devenue trop achalandée par les touristes. Comme c'était la saison morte, Nadia et moi étions les seules cibles parmi une foule de wanna-be guides qui ne nous lâchaient pas partout où on allait! Quand on leur demandait poliment de nous laisser tranquille, ils nous disait de retourner dans notre pays... wow l'insulte! Je le suis énervé (ça n'arrive pas souvent) et je leur ai menacé de les amener à la police et ils ont déguerpi!

Le reste de la journée, nous avons rencontré deux québécois de la rive sud, Justin et Gab, et leur ami dogon rasta, Yacouba, tous biens sympas! On a été faire un tour en pirogue et on s'est posé en plein milieu du fleuve pour relaxer, poser le thé, écouter du reggae... Le soir on a joué un peu de guitare et chanté des tounes autour de quelques bières froides sur le toit de l'hotel où on restait. Pas étonnant quand des québécois se rencontrent! Le seul désavantage de dormir sur les toits est quand un orage violent survient en pleine nuit...

Djenné, partimoine mondial de l'UNESCO

Patrimoine mondial = harcelement constant par les wanna-be guides, la mafia de Djenné... Une fois qu'on a trouvé notre guide, Bill Dio, on nous a foutu la sainte paix! On a sillonné les ruelles tranquilles de Djenné, la soeur jumelle de Tombouctou. Elle a été fondée au cours du 9e siècle quand on a sacrifié une jeune fille innocente pour porter chance à la ville. Fou non?

Lundi était aussi jour de marché, tous les commerçants venant des environs sont venus se rencontrer sur la place du marché, en face de la mosquée. Les scènes de vie y sont très colorées!

La soif

On s'était permis une journée de repos comme on avait déjà parcouru plus de 65 km les deux premiers jours. Le lendemain, quatrième journée dans le pays Dogon, on a décidé de faire un bon avant-midi et foncer vers Yendouma, puisqu'il y avait jour de marché. Le matin s'est bien déroulé jusqu'à ce qu'on atteigne Koundou. A partir de là, les indications nous disaient 4km jusqu'à Yendouma. Il était rendu 11h et le soleil de plomb se montrait déjà aggressif. On s'est reposé 15 min en se disant que 4km se ferait facilement. On a commencé par traverser une petite vallée désertique. Nadia commençait à montrer des signes de fatigue, comme nos packsacs étaient lourds. On a traversé la vallée, et pensant bientôt arrivés, le guide a décidé de prendre un peu d'avance avec l'âne. Moi j'ai décidé d'attendre Nadia qui avait pris un peu de retard. Quand elle est arrivée, on a constaté que nos gourdes ne contenaient plus que quelques gorgées... j'ai partagé mon eau avec elle, et j'ai décidé de prendre de l'avance pour rattraper notre âne qui portait l'eau...

J'ai pompé mes jambes et trotté dans les routes de sable pendant 30 minutes... je ne voyais pas aucun signe du guide... je demandais au gens s'ils avaient vu l'homme avec un âne... "mais il y en a beaucoup hommes avec âne", qu'ils me répondaient. Derrière, je ne voyais plus Nadia, devant, je ne voyais pas aucun village, donc aucune pompe ni puits. Je commençait sérieusement à paniquer. Mon beignet frit et café étaient loins, je venais de boire ma dernière gorgée d'eau... Ma tête commençait à tourner et quand je regardais dans le ciel, le soleil avait un espèce d'aura multicolore autour et continuait à plomber impitoyablement... J'ai continué à marcher, un pas à la fois, sentant mon coeur battre de fatigue ou de panique, je savais même plus... la respiration était dure avec l'air chaud et sec... Rendu à un certain point, je ne savais plus si je devais faire demi-tour pour aller rejoindre Nadia qui devait paniquer autant que moi. Avec le peu de conscience que j'avais, j'ai décidé que ça ne servait à rien de retourner et d'attendre puisqu'on avait plus d'eau et qu'aucun village n'était sur la route que j'avais pris.

J'ai continué à marcher, j'ai dépassé une petite colline et j'ai aperçu un village au loin... en continuant je voyais maintenant deux ou trois villages, lequel choisir? Ils étaient tous à un ou deux kilomètres d'où j'étais, kms dogons ouais! Je commençais à me fâcher contre notre guide innocent et c'était la seule chose qui me poussait à continuer... Je ne sais pas d'où il venait, mais un dogon avec son ane ma aperçu au loin et m'a demandé d'un ton tranquille : "ça va bien?". Je me suis écrasé contre un arbre et j'ai haleté quelques mots : "eau, soif, chaud...". Il a vu que ça n'allait pas... il a crié quelque chose en dogon et un petit garçon est sorti e nul part avec un bidon et a couru aller chercher de l'eau dans un puits sorti de je ne sais où! Seydou, qu'il s'appelait, m'a dit "bois, mets sur la tete et le cou"... ça ma donné un peu de force pour me relever et continuer a foncer vers Yendouma. Il m'a fait accompagner du petit qui me posait des questions sans arrêt et gambadait autour de moi. Je suis arrivé au marché et j'ai aperçu au loin le guide qui était assis tranquille en dessous de l'ombre d'un arbre à poser le thé... je n'avais même plus la force de le gronder... je me suis écroulé par terre, j'ai envoyé quelqu'un chercher Nadia en moto et j'ai callé la bouteille d'eau qu'on m'a offert... 15 minutes plus tard Nadia est arrivée, complètement ébranlée... il était rendu deux heures de l'après-midi... on a du faire 30 km dans un avant-midi! Si on me demande une situation de vie limite, j'en ai une maintenant!


Voilà pour l'anecdote de la journée. Demain je prend le bus pour partir à Bamako, capitale du Mali. Portez-vous bien!

Ray

Section foto

Le Joliba, à Ségou
Coucher de soleil sur le Joliba
Le marché du lundi à Djenné
Les pigogues de Mopti
La mosquée de Djenné (19e siecle)
Ray, Nadia, Dom et Bill le guide

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Raymond c'est papi, j'ai lu ta journée sur la route du Mali. C'est trop dangereux de marcher à travers les villages de 30 km par jour sous le soleil. Quand tu reviens de Sénégal à Niger, il faut prendre l'avion ou l'autobus et non la marche. Si il te manque d'argent, fait nous savoir, on va vous envoyer par Western Union. Maman s'inquiète beaucoup. Fais nous savoir quand tu arrive a Sénégal.